Quand une entreprise augmente les émissions de CO2 d'un collaborateur à l’insu de son plein gré !
Thomas, pour ses vacances, ne prend jamais l'avion, par principe. Il part en France avec toute sa famille, si possible dans sa région natale où il trouve son bonheur. Au pire, il s'éloigne à moins de 4 heures de voiture. En conséquence, son empreinte carbone est raisonnable, à 5 T eq. CO2/an. Pour mémoire, un Français émet en moyenne environ 10 T eq. CO2/ an.
Cependant, ce lundi matin, Thomas a pris l'avion depuis Rennes pour se rendre à Nice à un séminaire organisé par son entreprise.
Pourquoi n'a-t-il pas emprunté le train ?
Parce que le séminaire commençait un lundi midi, et mêmes'il aime son entreprise et qu'il a une conscience écologique, Thomas n'est pas prêt à sacrifier son dimanche en famille pour le train. Rennes-Nice en train prend 9 heures. De plus, son entreprise ne comptabiliserait pas son aller dominical comme un jour de travail ! "Et puis, c'est carrément moins cher", regrette Thomas.
Donc, il a choisi l'avion. En conséquence, il a augmenté d'un peu moins d'une tonne son bilan carbone pour trois jours de travail.
Faut-il rappeler que nous devons tous le réduire ?
"Oui, mais c'est un cas isolé ?", brûle sur toutes les lèvres.
Non, et c'est le plus triste.
Les 140 collaborateurs de cette entreprise qui se rendent à Nice pour ces trois jours de séminaire viennent majoritairement de Lille, Paris et Rennes. Pas besoin d'avoir une thèse en géographie pour comprendre que Nice ne se situe pas dans ce triangle nord-ouest de la France. Et je ne sais pas si le service RSE fera des statistiques, un bilan carbone sur les déplacements occasionnés par ce séminaire, mais de toute évidence, l'entreprise a favorisé une aberration écologique en délocalisant un séminaire dans un endroit et une contrainte temporelle peu accessible en train pour la majorité des
collaborateurs.
D'autant plus triste que sur sa page RSE, l'entreprise promet une réduction des déplacements inter-sites.
La question n'est pas de savoir s'il s'agit de greenwashing, d'inconscience, etc., mais comment changer les réflexes, les schémas, les récits ?
Est-ce moins "bien" d'organiser un séminaire à Dieppe ?
Comme à Nice, ce sont des galets sur la plage !"