Où sommes-nous le plus efficaces pour faire bouger le système


Où sommes-nous le plus efficaces pour faire bouger le système : dedans ou dehors ?

Cette question je ne suis pas seul à me la poser.

Est-ce ma nature normande qui, pour me donner bonne conscience, ne me permet pas d'avoir un avis tranché sur le sujet ? Pour illustrer cette position, des actions telles que susciter la réflexion sur le dérèglement climatique, construire des toilettes sèches, produire des vélos, des vêtements 100 % éthiques, etc., semblent être des professions plutôt vertueuses, exercées à l'intérieur du système.

Par un curieux hasard ou par le cynisme des algorithmes, une vidéo de Frédéric Lordon est venue ébranler cette voie du milieu. Connaissant son penchant à ne pas mâcher ses mots, je décide de la regarder.

Être bousculé dans sa quête d'une voie du milieu est unequestion d'hygiène mentale. Et effectivement, Lordon ne fait pas dans la demi-mesure. À ses yeux, des termes tels que "transition", "durable", "RSE" sont des planches pourries, et selon lui, c'est catastrophique. La balance bascule vers une sortie du système, mais on aimerait qu'il développe davantage.
 

Je me mets donc à la recherche d'arguments qu'il aurait pu détailler, ce qu'il fait en partie sur son blog du Monde Diplomatique, concluant de manière radicale : "Comme toujours, le partage du 'possible' et de l' 'impossible' est conditionnel à l'acceptation implicite, et le plus souvent impensée, d'un certain cadre. Pour que du possible ré-advienne, il faut briser le cadre qui condamnait — objectivement — à l'impossible." Ça sent l'appel du dehors.

Mais on ne se refait pas, et si Lordon avait tort ? Dans cessituations, je cherche des alliés. Penser contre Lordon nécessite d'être armé !
Je me tourne du côté de Timothée Parrique et/ou Vincent Liegey. Miracle, ils
ont publié une tribune en commun avec François Briens en réponse au papier de
Lordon. Pas d'opposition frontale, en ligne de mire, une société post-croissance, post-capitaliste. Mais en creux, on sent qu'on peut faire bouger le système de l'intérieur. Comme le décrit Parrique par ailleurs, "dans la société post-croissance, chaque entreprise est créée avec une raison d'être, gérée démocratiquement avec des conseils multi parties prenantes." Le concept d'entreprise n'est pas l'alpha et l'oméga du
capitalisme. Celui-ci est un processus en mouvement, une dynamique que l'on ne
peut pas définir précisément, comme l'explique un autre économiste, Pierre-Yves
Gomez. Mais en imaginant une organisation qui repose sur l'entreprise, comme le
fait Parrique, il y a un côté "dedans".
 

À la lecture de ces économistes, j'ai fait une révolution :je ne vois pas de réponse binaire à la question "dedans/dehors ?".


Peut-être parce que cela nous renvoie à la question du bateau de Thésée. Quand
on remplace toutes les parties d'un bateau et qu'au bout d'un certain temps, le
bateau ne contient plus aucune de ses parties d'origine, est-ce le même bateau
ou un bateau différent ?