Tout le monde souhaite un récit, mais qui l’écrit ?
Je vous déconseille fortement de regarder les trois conférences récentes d'Arthur Keller, Aurélien Barreau, Bertrand Piccard et Jean-Marc Jancovici. En cette période d'Halloween, vous pourriez prendre peur, très peur. Donc, ne visionnez pas ces conférences. C'est vraiment désespérant.
Épargnez-vous. En ce qui concerne la 3e vidéo organisée par Le Figaro, petite
incise personnelle, on a l'impression que la journaliste anime un débat sur
l'écologie comme un dentiste ferait une consultation de gynécologie ! Si Le
Figaro recherche un journaliste compétent dans ce domaine, je suis ouvert au
dialogue.
Bref, ne perdez pas votre temps à regarder ces trois vidéos... déprimantes.
Était-ce pour toucher le fond de la piscine ? Je les airegardées, et un point m’a marqué. Tous ces « experts du climat » invitent à proposer de nouveaux récits, de nouveaux narratifs. Ce n’est pas une révélation, et ils ne sont pas les seuls.
Selon ces experts, construire un nouveau récit permettraitd’opérer une transition écologique démocratique. Les citoyens embarqués par ce récit changeraient leurs habitudes et, in fine voteraient pour des politiques plus vertueuses. Sur le fond, c’est en partie vrai. Ce sont bien les textes (les récits) des Lumières qui ont semé les graines d'un nouveau paradigme. Mais ce changement de paradigme a accouché via la révolution !
De même, gardons à l'esprit que dans notre systèmeéconomique actuel, ce sont les vices individuels du plus grand nombre qui font « la vertu du système ». Ce qui était moins le cas avant cette révolution.
Donc, comment rendre désirable un récit où les notions de possession
personnelle seront atténuées, voire abolies ?
Dans la seconde partie de la conférence d’Aurélien Barreau,la climatologue Valentine Python et le politique Antonio Hodgers rappellent que ceux qui détiennent le pouvoir « n’ont pas envie que ça change ». La situation était similaire sous la monarchie, mais aujourd'hui, les acteurs capables de diffuser un récit de masse sont du côté du pouvoir, avec les GAFAM dans le monde, Bolloré et Arnault en France, ainsi que les publicitaires (ils n'existaient pas sous Louis XVI). Comment lutter contre leur récit ? Enfin, les
fake news et autres post-vérité fabriqués par l'intelligence artificielle
construisent un autre récit très efficace. Certes, les rumeurs existaient, mais
elles n'avaient pas le même poids.
Enfin, tous ces experts commencent une esquisse, une ébauchede récit, mais ils ne vont pas au bout. Certes, ce n’était pas le sujet, et par ailleurs certains s'y emploient, comme The Shift Project, avec son Plan de transformation de l'économie française (PTEF), Laure Nouhalat, Cyril Dion, Coline Serreau et d'autres. Mais est-ce suffisant ?
Alors, oui, cette question du récit est fondamentale, mais pour dessiner un avenir désirable, pour changer les représentations, dans ce temps contraint, je crois que ce récit ne doit pas être l'œuvre de personnes éclairées, mais le fruit d'un processus d'intelligence collective. On s’y met ?