Itinéraire d’un maire à côté de la plaque… d'égout :comment David Lisnard incarne la face visible du triangle de l‘inaction
Hier, lundi 22 septembre 2024, un violent orage s'abat surCannes. Résultat : des rues transformées en torrents, des piétons avec de l’eau jusqu’aux genoux, une circulation paralysée.
La réaction de son maire, David Lisnard ? Une déclaration tonitruante :
« Le vrai problème, c'est l'absence totale d'anticipationdes prévisions. Il n'y a eu aucune alerte ni de la préfecture, ni des organismes de météo. Météo-France n'avait pas anticipé ce phénomène. »
Pressenti pour devenir Premier ministre et président del’Association des maires de France, David Lisnard incarne ici le syndrome dutriangle de l’inaction face au dérèglement climatique :
- Rejet de la responsabilité sur autrui.
- Inaction à son niveau.
1) Sur les prévisions météo
En quinze ans, Météo-France a perdu environ un tiers de seseffectifs et subit une baisse de subventions de 20 % en dix ans. Aujourd’hui,
un algorithme interprète les bulletins météo diffusés au grand public, là où,
auparavant, des agents validaient ces prévisions localement. En 2021, un
rapport du Sénat, présidé par un sénateur centriste, alertait sur ces
réductions de moyens, cruciales pour faire face aux dérèglements climatiques.
David Lisnard ne lit-il pas les rapports du Sénat ?
Il ne lit pas non plus les rapports du GIEC. Dans sondernier rapport, le GIEC insiste : « Les efforts d'adaptation actuels sontinsuffisants. La fréquence et l’intensité des événements météorologiques extrêmes vont augmenter : sécheresses, vagues de chaleur, inondations, précipitations intenses. »
2) Quelles initiatives à son échelle ?
Apparemment, il ne suit pas non plus l’exemple des maires duNord. À Douai, depuis 1990, la ville mène une politique de désimperméabilisation.En 2005, lors d’un orage centennal, les quartiers ayant mis en place des noues
(systèmes de drainage naturel) n'ont pas été inondés. À quoi sert d’être
président de l’Association des maires de France si l’on ne s'inspire pas de
telles initiatives ? Sur son site, il affirme pourtant que « les maires sont en
première ligne sur la question écologique ».
Même Agnès Pannier-Runacher, fraîchement nommée ministre del'Écologie, a réagi :
« Comment se fait-il qu'avec 40 mm de pluie, on arrive à ce résultat ? Le vrai problème, c’est l’imperméabilisation des sols. »
David Lisnard n’est pas à blâmer en tant que personne. Ilsymbolise une frange de politiques quine saisissent pas pleinement les mécanismes du dérèglement climatique ni les solutions à explorer pour atténuer ses effets et s’y adapter. Il incarne une
manière de penser obsolète, qui ne correspond plus aux besoins urgents du
présent. C’est cela qui est le plus préoccupant et le plus difficile à changer.
David Lisnard, qui pense que «l’écologie, c’est avant tout du bon sens », devrait se rappeler que « cen’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait tomber la fièvre. »