Qui va gagner le match entre les peuples autochtones et lesentreprises à la COP16 Colombia ?
Il est toujours simpliste de résumer un tel événement à unebataille entre deux camps. En l'occurrence, les peuples autochtones et les entreprises.
Alors pourquoi présenter cette COP sous cet angle ?
Cette opposition me semble symbolique pour plusieursraisons.
Le lieu : En Colombie vivent différents peuples autochtonesqui œuvrent à préserver l'état de la planète, notamment les Kogis. Bien que le gouvernement colombien reconnaisse officiellement les droits des peuples autochtones, la réalité sur le terrain montre souvent un décalage entre cette reconnaissance et la protection effective de leurs droits et de leurs territoires.
Or, les Kogis, comme tous les peuples autochtones, sont devrais garants de la biodiversité. Selon diverses sources, leurs territoires abritent une part importante de la biodiversité mondiale. On a donc un État qui organise cette COP tout en peinant à protéger efficacement les peuples racines vivant sur son territoire.
En face, les entreprises. Plus de deux cents sont présentespendant cette COP16. Toutes se drapent de l'étendard de défenseur de la biodiversité. Cela va de soi ! Au-delàd'un potentiel procès d'intention, se pose néanmoins la question de la cohérence.
Par exemple, LVMH est à Cali. Quand on cherche du côté deleurs pratiques viticoles, c'est très flou : pas de chiffres ni d'informations concernant la part du bio dans la production de leurs différents champagnes.
Par ailleurs, LVMH a obtenu un score de seulement 15,4% dans le Corporate Human
Rights Benchmark 2023, ce qui est inférieur à la moyenne du secteur de
l'habillement.
Sera présente aussi la banque Lloyds. Et pas mieux ! En2023, elle a augmenté son financement aux combustibles fossiles de 500 millions de dollars par rapport à l'année précédente.
Enfin cette COP démarre au moment où Michel Barnier souhaiterait un report de l'application de la CSRD en France. Pourant la CSRD reconnaît l'importance de la biodiversité en tant qu'indicateur de la performance environnementale des entreprises.
Or la COP16 discutera de la création d'un nouveau fonds pourla biodiversité ou de la consolidation du Fonds-cadre mondial (GBFF).
L'objectif est de mobiliser 200 milliards de dollars par an. Cela nécessite une
implication financière du secteur privé.
Et comme dans notre société "celui qui paiedécide", on peut se demander si, face aux millions des entreprises, la parole des peuples autochtones sera écoutée.
Ils ne pourront apporter que leur sagesse et leur savoir.
C'est à espérer, car cette COP est la première depuis l'adoption du Cadre mondial pour la biodiversité (CMB) de Kunming-Montréal.
L'objectif est de protéger 30 % des terres et des mers d'ici 2030.